gaduman

Plus sérieusement

Quand j’ai découvert il y a quelques jours le film pour alerter sur les dangers potentiels d’Internet, j’ai d’abord été très surpris. Et partagé.

La peur

D’un côté, l’argument de la peur omniprésente est abusif. C’est du moins la première réaction qui vient quand on « connaît » internet et ses dérives (trop) faciles. Chacun connaît les tricks & tips qui assurent une navigation optimale, malgré les nombreux pièges. Mais c’est vrai quoi, vous ne pouvez pas laisser votre enfant lire paisiblement le blog d’Mry sans qu’il ne tombe sur des photos de Q charme. Alors forcément, faire peur aux parents, ça facilite le message. Et surtout, ça amplifie les flippés qui préfèrent censure et bloquer davantage plutôt que de chercher à comprendre comment tout cela fonctionne. C’est favoriser l’ignorance que de vanter la censure par la peur.

La responsabilité

Mais d’un autre côté, j’imagine sans peine tous ces parents qui bénéficient d’une offre triple-play, avec la télé, le téléphone et le web sur la même facture, un ordinateur familial et basta. Ces mêmes parents qui travaillent dans des bureaux aux connexions limités (Youtube? connaît pas, c’est bloqué) voire sans internet du tout, et qui du coup ne sont pas familiers. Qu’est-c que l’Etat peut leur dire d’autre, à ces parents qui ne savent pas ? Au choix : amplifier leurs craintes existants, ou alors les créer. Dans les deux cas, la responsabilité n’est finalement pas si présente. Alors que leurs enfants manient certainement mieux le web qu’eux.

Stéréotypes et solutions

Ok, une pub c’est court, ok il faut que le message passe, mais les stéréotypes dressés dans la pub sont trop forts. Les dangers ne viennent pas que d’eux, ni des contacts directs d’ailleurs. Et cela, le Ministère de la Famille ne nous le dit pas. Il faut donc se rendre sur le site et la page dédiée pour trouver un petit dépliant en 8 points des plus basiques. D’ailleurs le visuel a été honteusement pompé sur un thème Smashing Magazine, et détouré à la sauvage, mais c’est un autre problème.

Chez nos voisins

Sans faire de veille extraordinairement vaste, j’ai tout de même constaté qu’en France, on a beau vouloir connecter tous les foyers, nous ne sommes pas vraiment en avance côté éducation du web. Voyons d’abord en Australie où une bannière, destinée aux enfants, reprend l’idée du pervers qui vous guette. Certes le message est identique au film français (attention danger, peur), mais il s’adresse au public concerné, ce qui rend la campagne bien plus pertinente et continue sur un site extrêmement riche.

Plus proche de nous, en Belgique, la BD est à l’honneur pour éduquer les jeunes populations. Cela pourrait surprendre d’utiliser un media différent de celui concerné, mais en Belgique on lit beaucoup de BDs. Je n’ai pas eu l’occasion encore de lire ce n° spécial de Bob & Bobette baptisé « Le site Sinistre », mais je vais essayer de le retrouver dans une boutique d’occasion à Bruxelles. 140 000 exemplaires ont été distribués en 2006 aux écoliers, avec un contenu qui semble plus concret et plus informatif que les quelques bullet points de notre dépliant.

Finalement, ce film semble être une première étape vers une communication plus mûre, mais on reste dans le superficiel et le facile pour le moment. Ca fait combien de temps qu’on a Internet en France ? Ah oui, le début des années 90. Déjà.