Un projet démesurément couillu
L’idée de l’agence Crispin Porter + Bogusky : faire comparer un Big Mac et un Whopper à des individus qui n’en n’ont jamais mangé. Pire, qui ne savent pas ce qu’est un burger. Le nom de l’opération : Whopper Virgins. Pour faire le test – organisé par Burger King -, il a fallu faire venir aux US des représentants de Thaïlande, Roumanie, Groenland… Ou la découverte de l’objet le plus symbolique de l’américanisation, sauf qu’ils n’ont même pas eu droit à du Coca pour faire passer.
Deuxième étape, les équipes de tournage se rendent dans les tribus de chacun avec grill, pain congelé, bœuf haché, et fabriquent sur place, comme ils peuvent, des Whopper. Véritable exploit que de cuisiner ce burger mythique si loin, avec les ingrédients d’origine. Une sorte de découverte des cultures à l’envers, une épopée culinaire sur fond de décors sauvages, qui pourrait, de loin, ressembler à une vaste colonialisation culinaire.
Insoutenable
Sur le papier, le projet ambitieux semble plein de vie et d’entrain. Mais quelques secondes de visionnage du ‘documentaire’ suffisent à vous retourner l’estomac. Horreur. Musique tragique comme fond sonore, plans fixs sur ces individus débarqués avec leur costume traditionnel tout propre, comme pour célébrer l’événement qu’on a dû leur promettre historique, alors qu’il s’agit juste d’un burger… Et c’est là que ça ne passe pas. J’ai d’ailleurs comme un rejet. Oui la malbouffe est un vrai problème, alors que les efforts vont de plus en plus vers des repas plus équilibrés, il faut que Burger King aille jusque déflorer des populations ‘préservées’ de ces burgers à fort potentiel de dépendance. Comme le dit Olivier, ils ne vont pas cracher sur de la viande. Ca fait peut-être vieux con comme réaction, mais j’ai vraiment du beaucoup de mal à finir de regarder la vidéo. Plusieurs sensations se sont mélangées : dégoût, rejet, agacement contre ces crétins qui pensent bien faire, et puis un peu de tristesse devant les images de ces mêmes crétins observant « la première fois » d’une prise de burger en main.
Moi qui adorait Burger King, qui m’en était régalé lors de mon dernier séjour à Stockholm, qui fait partie du groupe de soutien du retour du Whopper en France… bin là non, désolé, je bloque. Ca ne passe plus, Burger King est allé franchement trop loin.
Au-delà de la pub
Alors oui, d’aucun diront que c’est une réussite car c’est inédit, énorme, inattendu, relayé sur des centaines de blogs, journaux etc. Mais bon, le résultat n’est pas très positif. Chapeau pour l’opé qui dépasse largement le cadre publicitaire. Mais il y a quelque chose de gênant, un décalage inapproprié qui fait qu’on a pas vraiment envie d’adhérer.
totalement d’accord avec toi ( déjà posté un commentaire chez Olivier, je ne rentrerai pas dans les détails donc ). l’impérialisme américain et ses bons sentiments ( « allons civiliser ses pauvres populations incultes » ) est assez révoltant. Voilà qui ne va simplifier la réponse au défin lancé par Nicolas ( connexions planning ): Crispin vient de faire un faux pas :-)
alors ça veut dire suppression du « Friday gras » ? ;)
@Maudule temporairement.
Bien que je sois en grande partie d’accord, je me demandais juste si « tu poussais pas le bouchon un p’tit peu trop loin maurice… » lol
@emmanuelle : « allons civiliser ses pauvres populations incultes” c’est un peu extrémiste, non ? l’idée c’était juste de faire gouter les hamburgers à des gens qui n’en n’ont jamais gouté. je ne suis pas sur que BK va s’installer là-bas…
Mais je répète je suis pas super à l’aise avec tout bien que l’idée me paraisse « couillue ».
olivier.
c’est sûr que sur le papier (gras), ça sonne pas trop mal. Mais la vidéo met vraiment mal à l’aise. Le concept a l’air simple mais le rendu va plus loin :/
Ça fait un peu « On va t’apprendre la vie ».
C’est clair que conceptuellement, c’est génial.
Maintenant, ils font des burgers les mecs, ils ont pas inventé la piqûre qui rend immortel…
Le truc génant dans cette opération, c’est certainement le symbolisme sous-jacent qui nous rappelle la grande gloire de la colonisation occidentale.
Apportons à ces sauvages en pagne les vertus de notre civilisation. Et quelle plus grande vertue que le BURGER (à part notre système bancaire) ?
Ca doit être ça qui te gêne.
En même temps, si cette provocation n’est pas calculée pour faire du buzz, je mange deux triple Whoopers de suite.
A mon avis, Gaduman, tu viens de leur faire de la pub gratos…
@cyril: non, s’ils comptent le nombre de billets/articles et s’arrêtent là, ce serait un peu bête.
Si on fait un tour sur Technorati, je suis pas le seul à trouver cette campagne borderline, limite j’ai plus envie de manger un burger, pendant 3j peut-être mais quand même. Quelque chose a changé dans l’image de BK que j’avais. Tant qu’à en parler donc, autant dire franchement ce que ça m’inspire!
j’abonde dans le sens de cyril,
« Le truc génant dans cette opération, c’est certainement le symbolisme sous-jacent qui nous rappelle la grande gloire de la colonisation occidentale. »
Je ne pense pas qu’il y ai un aspect « civilison les barbares », mais plustot un ascpet de voyeurisme très malsain… COmment rester insensible quand on voit tel personne habillé d’un costume folklo (selon nos conceptions) assis dans une chambre blanche avec un burger. J’ai l’impression d’etre dans un zoo ou un petit gris en train d’ausculter une vache.
Le concept a l’air simple mais le rendu va plus loin dixit gaétan
@ © a Z Z e d : LooL ! C’est vrai que dans le fond…
C’est juste des hamburgers.
Mais pour nous, l’hamburger, c’est tellement le symbole des méchants américains, qu’on craint de voir s’ouvrir un BK en pleine jungle, sous prétexte qu’il y a une potentielle clientèle !!!
Tout à fait d’accords.
C P + B tombent vraiment de haut.
je reste persuadé que ce film est à découper en plusieurs sous-idées plus ou moins (mauvaises) bonnes :
– faire venir des mecs en costume folklo dans une salle blanche entourés d’un interprète et d’un « consultant indépendant » pour les scruter des caméras en train de se foutre de la sauce barbe-cul partout c’est moche
– faire un barbe-cul itinérant qui fait goûter des burgers au monde entier, tout en s’extasiant à son tour de la bonne bouffe locale, c’est cool. même si c’est filmé de manière dramatique etc etc… Il faut arrêter avec les relents de colonialisme – ça reste de la f****g pub non :p
ah, et sinon, oui la réal est horrible – je continue à parler de l’idée elle même ;)
@gromain : tout à fait d’accord !
bin oui mais l’objet final c’est l’idée + la réal non ? :) quant à la pub, jtrouve que ça la dépasse quand même. Et elle fait donc partie des rares pubs qui me rendent un peu triste :/
Un dernier commentaire et je ne t’embête plus :
je suis entièrement d’accord avec toi !!
Je trouvais juste que tu (et certains commentaires) exagérais un peu, surtout sur le coté « colonialiste », mais à part ça, je suis d’accord.
olivier.
Le procédé est quelque peu limite : exploiter les oubliés de la mondialisation.
Mais ce »documentaire » n’est pas pour nous. Il s’agit d’un produit de mass market américain, pour les américains. Il s’agit de flatter les américains et leur mode de vie, à travers un sandwich, est exportable même au delà des monts et des rivières.
Encore une fois le procédé est gerbant et méprisant pour les »testeurs ».
Mais l’idée de départ est tout de même forte, bien que peu éthique, et dépasse le simple cadre publicitaire.
Surprenant cette campagne. Car même au premier degré le message est susceptible de se retourner contre l’annonceur, alors avec un minimum d’esprit critique…
– Les testeurs ont du mal à savoir comment s’y prendre avec le burger: comme quoi le côté régressif de manger avec les mains n’est pas si évident. En ayant comme premier réflexe d’utiliser les couverts, l’une d’entre eux en remontre même aux prétendus civilisés. Sans parler du ridicule de poser un couteau en plastique à côté pour ensuite encourager à ne pas s’en servir.
– Plusieurs autochtones refusent ne serait-ce que de toucher au burger.
– Quand on voit le passage sur la bouffe locale: malgré les commentaires hypocrites (« délicious »), impossible de ne pas penser que le message sous-jacent est en fait: « voilà ce que nous allons avantageusement remplacer ». Or en un coup d’oeil on voit que l’alimentation traditionnelle est bien plus équilibrée (des légumes!)
– Le spot finit tout de même sur « je préfère la viande de phoque ». Curieux. Est-ce pour atténuer l’agressivité de la démarche colonialiste? Ou une pseudo-distanciation (donner l’impression d’un documentaire ethnique plutôt que d’un spot publicitaire)?
Autre aspect toujours surprenant pour un français: l’attaque directe du concurrent (interdit chez nous me semble-t-il) – ici le burger de la marque est explicitement comparé au big mac.
[…] puisqu’elle repose sur un levier viral inhabituel. Un peu evil en fait, dans la lignée de Whopper Virgins […]
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[…] sur la toile ne se sont d’ailleurs pas faites attendre, dont le blogueur Gaduman qui livrent quelques réflexions intéressantes sur cette campagne. Je vous laisse vous faire votre propre avis, pour ma part, bien que grand […]
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