il était une fois
Tout démarre il y a quelques jours, quand on a commencé chez Datagif à trouver un poil élevé le nombre de followers sur notre compte Twitter. Un peu plus de 900 sans beaucoup tweeter ni follower du monde, ça semble louche.
Alors certes il y a quelques semaines nous avons diffusé via Twitter un schéma en arbre de décision, dans le but de trouver un stagiaire, qui nous a valu plus de 500 mentions. Forcément, ce petit moment de sujet chaud nous a permis de séduire de nouveaux followers. Mais quand même : plusieurs centaines de nouveaux en si peu de temps ?
Watson, apportez-moi ma loupe
J’ai donc commencé à regarder de près ces fameux nouveaux follower, curieux de voir qui sont ces gens tellement intéressés par nos rares tweets. Sur les plus récents pas de soucis, ce sont, en toute logique, des personne travaillant en agence de com, ou des candidats potentiels. Mais très vite je tombe sur une ribambelle de profils de ce genre aux noms ni vrais ni faux :
Ca devient vraiment louche quand deux profils ont deux noms différents mais la même profil pic :
Et qu’ils publient tous la même chose :
vs
Le couperet tombe quand tu comprends qu’ils se followent entre eux :
Ma pipe m’en tombe des mains. Des faux comptes subis ? Mais quel est le fuck ?
Watson, prenez votre canne, ça va cogner
Dans cette foule de profils, rare sont ceux qui dépassent les 6 tweets. Le contenu de leurs messages est ainsi reparti :
- des tweets aussi profonds que de la poésie de comptoir
- des retweets, beaucoup, notamment d’un certain « @BaptisteMestre«
De plus ils ont tous, en commun dans leurs followers, un seul compte qui ne semble pas fake : @Messalgerie. Compte protégé, identifié sur différents réseaux sociaux. J’ai poussé le vice à le suivre avec un faux compte à moi mais pour le moment ça ne donne rien.
Mettons le potentiel instigateur de côté, car nous avons affaire à une armée de zombies errant sur twitter : une horde twittesque.
Sherlock x Rick Grimes
Comment fonctionne cette horde ? Elle avance avec un but commun : faire connaître un lien en particulier. Ici, l’exemple de MyWatch, dont le rôle n’est pas certain. Les comptes zombies sont créés en masse ; certains sont alimentés de contenu inintéressant mais crédible : il ne faut pas se faire choper. D’autres se contentent de retweeter les premiers compte, créant un premier niveau de maillage entre eux. Puis le joueur de flûte follow un compte sur le devant de la scène à un instant t : dans le flot de nouveaux followers, la horde passera inaperçue… Oui on a tous envie de croire au succès.
Le piège est en place, il suffit à l’instigateur de tweeter un message, qui sera RT par toute la horde. L’auteur espère que le compte victime aura followé quelques un de ses zombies, et verra ainsi le tweet. Bingo.
Bingo ? Pas trop vite Sherlock
Observez le nombre de followers sur chaque zombie : faiblard, et en plus ce ne sont que d’autres zombies. On dirait que ça ne prend pas. Et surtout ce phénomène de captation des comptes visibles à un moment donné s’applique et se vérifie : le compte de @fhollande ou encore celui de l’agence @Vanksen par exemple sont eux aussi victimes de ces zombies. Voir les followings de ce zombie pris au hasard parmi ceux qui nous ont followé.
Prenons un autre exemple tout récent : Nicolas Sarkozy. Déjà il faut éviter de confondre les nouveaux fraîchement arrivés sur Twitter, suivant l’exemple de Nicolas pour se lancer, avec les zombies attirés par la forte visibilité de @NicolasSarkozy. Exemple suspect :
Fausse alerte : ce n’est qu’un individu tout juste arrivé sur Twitter, et ils sont des dizaines comme ça. Le compte de Nicolas doit certainement avoir des zombies dans ses followers mais si c’est le cas, ce n’est que subi. [EDIT : Korben a fouillé davantage ces comptes, voici le résultat.]
Revenons à nos moutons; quelques jours après mes captures et le nettoyage de notre compte, je suis revenu sur des comptes identifiés. Et là, coucou ! MEGA SURPRISE ! Les comptes changent de vie. Ils gardent leur nom mais changent de ville, de métier, de passion, etc. Exemple sidérant :
FAKE FAKE FAKE
Les petits loulous de Coupsdepub ont flairé une belle tendance sur Facebook via la page Orangina qui semble utiliser des faux comptes pour alimenter ses posts et les faire remonter et gagner en interactivité. Même si c’est dommage d’arriver à de telles méthodes ça ne m’étonne pas du tout qu’on veuille tricher avec les outils que l’on a. De même sur Twitter : le but est de diffuser des liens, les faire reprendre, re-tweeter, crééer de la visibilité. Donc avant de s’alarmer sur des comptes Twitter qui se paieraient une campagne de bots, vérifions qu’ils ne sont pas subis. Du coup, j’en arrive à remettre en cause l’article de Cyroul à propos de Fred & Farid : est-ce que ces bots étaient bien volontaires ? Je n’en suis plus du tout si sûr. Même si c’est la même agence qui gère Orangina donc bon. Hum.
La prochaine génération du fake est hybride. Identifiés par @SylvainPaley, ces deux comptes sont des exemples du post-humain sur Twitter. Mi-homme mi-machine, les comptes @ClementGiampapa et @AntoineCarrison reprennent des tweets existants, histoire de vivre. Son auteur peut également reprendre la main lors de conversations. Quelques exemples :
Un compte qui dit des phrases a priori censées :
Sauf qu’en cherchant son tweet dans Twitter, on tombe sur un tweet identique, plus ancien, pas de lui :
Autre exemple sur le même principe :
vs l’original :
A quoi serviraient ces comptes ? Tout simplement à leur créer de la crédibilité par de l’activité et de l’ancienneté. Un compte tout frais est pris pour un fake basique (cf les cas avec Nicolas), tandis qu’un compte plus ancien gagnera petit à petit des followers, et pourra ensuite plus facilement envoyer ses tweets. Avec la horde vue plus haut, j’imagine sans peine que le but est de monétiser tout cela : créer une « agence » de diffusion sur Twitter en garantissant un nombre de tweets et de retweets. Facile quand c’est fait avec des robots qui ont l’air vrai aux yeux du clients. D’ailleurs au moment où j’ai fait le nettoyage, 75% de ces zombies tweetaient ou retweetaient un message dithyrambique à propos du e-shop MyWatchy. Je suppose que le créateur de My Watchy @CamilleBesse a subi cette série de liens et qu’il n’a pas commandé une « campagne Twitter » ; mais ça pourrait tout à fait s’imaginer dans un futur quasi immédiat avec des marques peu scrupuleuses.
Merci pour cet article édifiant Sherlock !
Décidément on commence à entrer dans une nouvelle phase de l’hyper-réalité si la matrice simule même des PNJ !
j’ai rien compris
Mal écrit, mal expliqué, dur à comprendre…
Navré Bernard, je l’ai fait écrire par un fake pas encore au point
Pfiou… je suis en privé mais j’ai souvent des requêtes de comptes louches aussi (sûrement après des RT, j’ai pas étudié le truc).C’est assez flippant parce que si ce n’est que le début, ça risque de bien dériver et comment Twitter pourra endiguer le truc ?
Bref, merci Sherlock ! Et bravo pour l’arbre de décision, j’étais passée à côté mais j’aime ^^
La fin du monde est proche.
Ps: Le Camille Besse n’a pas l’air si innocent que ça dans cette histoire…:
romain bouic @romainbouic
@CamilleBesse pourquoi j’ai 250 FAKE Followers en + en 24h le 23/12 et dont une grande partie font la promo de @mywatchy?
Camille Besse @CamilleBesse
@romainbouic Apparemment c’est un ami qui a voulu m’aider en testant un truc. je vais lui demander de retirer ça. Sry
https://twitter.com/#!/CamilleBesse/status/157954889669029889
Belle enquête Sherlock.
Han! Merci pour cette précision. Bon c’est dommage, j’aimais bien cette boutique.
Très intéressant, et ça remet aussi un peu en question comme tu dis l’implication des comptes qui sont followés par ces bots…
Last solution: passer en compte privé, au moins on se garantit de vrais followers frais et sélectionnés main ;)
Pour les bots de FF, malheureusement en off, les salariés ont « avoué » que l’un deux avait eu recours à cette méthode pour le compte corpo. Donc rien ne pourra remettre en cause l’article de Cyroul (même s’il évident qu’on en arrive à douter) :)
Article vraiment passionnant ! J’avais été interessé par l’histoire d’Orangina, car c’était la première fois une histoire vraie d’un truc qui était pour le moins préssenti par tout le monde, relativement inévitable.
Là, c’est vraiment passionnant, je pousse l’article du mieux que je peux.
Comment peut-on combattre les zombies ? Bloquer les comptes dès qu’on en identifie un?
Personnellement, pour mon twitter perso, le seul réseau social que j’emploie quotidiennement et activement, je fais volontairement une politique de cercles restreints : suivre peu de monde, essayer d’humaniser le following, notamment en respectant le nuombre de Dunbar ! Je ne comprends pas comment on peut suivre plus de 200 personnes !
Merci pour ce billet !
Hum… je trouve ça affligeant mais est il possible ce stopper tout ça maintenant que la tendances est, hélas, lancée?
[…] faux comptes twitter […]
welcome on r/gaduman
Je sais, je suis en retard mais je n’avais pas ouvert mon reader depuis quelques jours :)
[…] de ces tweets, cette campagne prend pour vecteur de faux comptes, plus sophistiqués que ceux dit zombies, achetés et détectables par les services en ligne. Ces comptes en l’occurrence, sont […]