Alo ui cer Internet
Retour sur le storytelling d’un buzz poilu

Le pitch

Saint-Loup les Luchons, c’est de là que tout est parti… Quelques témoignages, qui sont ensuite pris au sérieux par le Maire : un appel à témoin est lancé sur le site de la maire, pour faire surgir la preuve de l’existence de l’animal humanoïde. Fantastique site de maire comme on les aime, datant du milieu des années 90 et réalisé avec frontpage.

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La mise en place

A ce moment là, Thomas Vidal, un vacancier dans le coin relaie l’info sur Facebook et sur twitter. Jusque là, l’histoire tient la route : un mystère, des témoins, une prise de parole engagée, et même rejointe par un deuxième point de vue a priori indépendant : le blog d’Anne-Lise, amoureuse de la nature dans les Pyrénées. Le mois d’août s’écoule tranquillement tandis que Thomas et Anne-Lise récoltent doucement chacun de leur côté des participants à leurs groupes Facebook.

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La montée en puissance

Fin août, un ami du maire, journaliste et webmaster à ses heures perdues, décide de mettre en place un site dédié aux témoignages qui tardent à se consolider. Il en profite pour réaliser son enquête dans le village, avec quelques vidéos qui laissent présager que tout cela n’est finalement pas à prendre très au sérieux… ou alors que le Yéti est drôlement bien installé ! Vers la fin du mois, un encart spécial dans 20minutes.fr apparait.

Et le reveal

Bon, arrivé à ce niveau, vous aurez saisi que le reveal ne peut plus trop tarder. C’est par l’intermédiaire du blog dédié et du groupe Facebook que le reveal est opéré : l’intrnaute est renvoyé sur le site de…. Skoda, qui présente son modèle Yeti.

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Pendant ce temps sur nos écrans débarque le film TV qui place bien l’ambiance, alors que le site reste assez classique pour un constructeur automobile.

Mon avis sur le dispositif

Côté storytelling, l’opération était ambitieuse et les enjeux nombreux. Il fallait faire croire à un ensemble de données montées de toutes pièces, ce qui n’est pas évident. Plusieurs personnages sont intervenus autour de ce mystère, parfois anonymes, parfois très bien identifiés, chacun propageant à sa manière un morceau de la rumeur. Le concept de rumeur est extrêmement intéressant à étudier, et j’ai encore en tête un (vieux) bouquin lu en cours : La rumeur d’Orléans, d’Edgar Morin. Daté, mais aux fondements de tout ‘buzz’ du web… Quant à l’idée de faire croire en l’existence potentielle d’un Yeti en France, il fallait oser. Mais d’emblée, ce non-sens donne à l’internaute un indice sur l’absurdité totale des informations qui lui sont délivrées. Aussi, alors que certains commentaires soulignent le côté artificiel du dispositif, il faut plutôt jouer avec et s’en amuser. Un peu comme quand vous allez chez Mickey, vous savez que vous n’allez pas voler avec Peter Pan, mais vous retrouver dans une nacelle qui va vous en donner l’illusion… Concrètement, étaler un buzz sur autant de temps était un sacré défi. Je n’ai pas d’informations sur les trafics réalisés, mais en voyant les groupes Facebook et les blogs créés pour l’occasion, je ne peux me retenir d’exprimer un léger regret vis à vis d’un suivi plus fort de la part des internautes. Le compte twitter aurait pu davantage s’inscrire dans la durée, avec une communauté grandissante, de même pour le groupe FB. Une question de temps de préparation, certainement.

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Article sponsorisé

 

  1. Greg dit :

    Et à qui doit-on tout ça ? ;)

  2. gaetan dit :

    @greg ah oui tiens, oublié les crédits: Agence V, Shiva Communication et Médiacom

  3. Marc dit :

    J’aurais un avis plus tranché que le tiens, je trouve dommage d’avoir usé d’une telle débauche de moyen : site du village, compte twitter, faux blogs, facebook, billets sponsos pour un si maigre résultat (61 membres FB, 44 followers…).

    Pour moi c’est une tentative de buzz qui tombe à plat, on y crois pas une seule seconde et une fois passé l’amusement du site old school de la mairie, on zappe.
    De plus, je ne suis pas certain que la population exposée à l’opé soit vraiment dans la cible d’un véhicule à 19 000€.

    Au final Skoda va-t-elle vendre un seul Yeti de plus avec cette opé ? Mais peut-être que ce n’était pas le brief.

  4. gaetan dit :

    woui c’est sûr, le résultat est un peu en décalage avec les moyens mis en place… c’est sûr que sur le papier, l’histoire peut amener à générer un truc pas mal. Après la réalité est un peu différente, même si je suis certain que l’opé sert de support pour des RP et de point de chute pour une campagne media (cf par exemple l’intervention sur 20mn).

  5. Marc dit :

    Oui bon point pour les RP et le support média. Ce qui manque vraiment à cette opé selon moi c’est du contenu intéressant pour créer la viralité.
    A part le site de la mairie il n’y a aucun véritable élément intéressant à partager auprès de ses amis / son réseau. Les vidéos des témoignages ne présentent aucune aspérité, la photo du Yeti fait trop fake… bref rien de vraiment intrigant ou amusant à partager.

  6. Ce type de storytelling peut fonctionner s’il n’est pas utilisé trop souvent. Sinon, il y a des façons beaucoup plus simples et abordables de faire du storytelling efficace sans pour autant faire dans le grand spectacle.

  7. gaetan dit :

    Damn, en Italie ils sont partis sur complètement autre chose :

    (à voir sur Adsoftheworld). La violence du truc. Comme le dit Joelapompe, joli cocktail de banquise, d’ours polaire en disparition, d’alcool et de 4×4. Vlan, « drink and drive, and forget about the polar bear ». Ouch :(

  8. Yinkist dit :

    Yo Gaétan,

    Pour avoir lancé une démarche teasing buzzante dans le genre en début d’année, je doit reconnaître que le storytelling a ses avantages (on raconte une belle histoire, c’est toujours ça de pris) comme ses inconvénients (il faut qu’elle colle au produit, et être un minimum crédible sans pour autant faire croire complètement à sa véracité). Même pour une histoire de Yéti, ça se travaille donc au poil de cul :)

    Pour info, de notre côté, nous avions créé un personnage (Facebook, environ 350 friends) qui tenait un blog (www.20jours.be) ainsi qu’un twitter, et était « aidé » par un appui RP radio/web/papier (http://www.lesoir.be/la_vie_du_net/actunet/-20-jours-pour-la-retrouver-2009-01-07-679630.shtml)

    Le problème avec les histoires c’est que tu trouveras toujours du monde pour ne pas la trouver à son gout http://www.retiendra.com/2009/01/07/cher-kevin-polof/ :)

    Pour conclure, l’idée du storytelling vient souvent du client (hey, pour la sortie de la Yéti, on pourrait faire croire à l’apparition d’un Yéti, non??) et même si c’est touchy, c’est toujours excitant pour des créatifs de monter des histoires de toutes pièces, même si on sait qu’au final personne n’y croira :)