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Interview : Onefeat, la gamification du quotidien

Bonjour Souheil, peux-tu présenter l’équipe et comment vous est venue l’idée ?
Souheil : Nous sommes trois amis, moins de 25 ans, passionnés de web, du design et de sociologie : Arnaud, Julien et moi-même. Nous sommes de gros utilisateurs de Foursquare. Un jour on s’est dit que ce serait sympa de créer un jeu sur la base des endroits visités. Mais on rate des choses si on s’arrête à la localisation, c’est ennuyeux. Il faudrait ajouter des actions, et une preuve émotionnelle au jeu : des photos. Là nous étions début 2011, le début de l’aventure Onefeat.

Vous faisiez quoi à côté ?
On était soit en cours, soit au boulot, et là on a tout quitté. Nous venons de nous installer pour six mois en accélérateur de startup, au Camping.

Onefeat c’est un réseau ou une appli ?
Avant tout c’est un jeu ! Un jeu social qui repose sur les actions de la vie réelle. Les utilisateurs créent des missions, tant qu’il s’agit d’une action. N’importe qui peut la réaliser dans le monde en envoyant une photo comme preuve. Les joueurs gagnent des points, puis des badges etc. Au début on voyait seulement la partie jeu, mais pas tellement la partie émotionnelle, que l’on veut de plus en plus installer. Il faut tout de même noter que jusqu’à début septembre 2011, les utilisateurs de Onefeat étaient à 80% des filles…

Je trouve justement assez marrant de concentrer à un endroit plein de photos sur un même thème, c’était le but ?
Ce n’est en fait pas du tout voulu, c’est juste créé par l’action. C’est vrai qu’on a pas l’habitude de voir des photos regroupées ainsi, ça crée quelque chose de particulier.

Je suppose que le concept de gamification ne vous est pas étranger ?
On est convaincu que le gaming est l’avenir de la publicité. Quand tu joues tu es concentré, et il y a une notion émotionnelle qui se dégage. Et les marques sont très interessées par ce petit moment qui se passe chez l’utilisateur. Quand Zynga ajoute des engrais brandés ça devient beaucoup plus puis puissant. C’est aussi pour les marques une manière de retrouver un public plus fort, plus proche du partage de l’émotion.

Instagram, etc, vous en pensez quoi ?
On adore, on l’utilise beaucoup ! C’est un site de partage de photo, c’est encore différent, ça reste statique. Nous on est pas là pour partager des photos mais pour jouer dans la vie réelle.. Instagram ça a transformé l’usage de la photo mobile, ça a donné la capacité à chacun de faire des « belles » photos ou du moins rendre stylées des choses banales. Photovine (qui ferme…) est un service qui tente de capturer l’esprit du moment avec l’aspect gaming. Mais pour nous la photo reste un outil, comme les caractères dans Twitter. Ca aurait pu être la vidéo mais la photo est plus facile pour les utilisateurs, c’est un exercice de style en même temps. On ne parle plus de photo, mais on parle d’action.

Il n’y a d’ailleurs pas un côté schizophrène de faire l’action et prendre la photo de soi pendant ce temps ?
Oui en effet c’est toi qui est censé faire l’action. Et non quelqu’un qui la fait pour toi. Au final, tout ce qui compte c’est ce que tu as fait. C’est un peu une to-do list de la vie. C’est pour cela que dans les missions, on préfère de loin celles qui impliquent que l’utilisateur doive accomplir quelque chose, plutôt que de « trouver » quelque chose…

Les prochaines étapes de Onefeat ?
La priorité est bien travailler les mécaniques de jeu pour le rendre vraiment engageant. Nous sommes en train de revoir les systèmes de points et de niveaux pour donner envie de participer davantage, améliorer les récompenses, les badges, intégrer une temporalité (points doublés dans une certaine plage horaire)… Ensuite on va encore améliorer l’experience utilisateur pour que les apps android et iPhone soient faciles à utiliser : suivre facilement les gens, consulter plus facilement les photos. Cela nous permettra alors d’être prêt pour atteindre la masse critique d’utilisateurs : 1 million en septembre 2012. Et enfin, le volet monétisation.

Je suppose que des marques sont déjà intéressées ?
Le business model est fondé sur des partenariats avec des marques. Mais on veut pas que ce soit basique, on cherche quelque chose de plus fun et subtile. Ce seront certainement des missions spéciales sponsorisées par des marques et non un objectif lié à la marque. Par exemple : « cours un marathon », sponsorisé par Nike. Ou alors « saute dans un lac » sponsorisé par Red Bull. On veut vraiment apporter une expérience. Et non demander de photographier un logo…

Enfin, quelles sont chacun vos mission en cours préférées sur Onefeat ?
– Arnaud : grow a mustache
– Julien : take an akward family photo with friends
– Souheil : take a ride on the washing machine

Voilà pour l’interview. Merci à Souheil pour son temps et ses réponses. Je ne peux que saluer le courage et la passion de ces trois camarades qui ont vu juste avec Onefeat. J’espère sincèrement que le million sera atteint à temps, et je vous invite d’ailleurs à tester quelques missions. Pour ma part je suis loin de participer à toutes, mais quand une me semble dans mes cordes, je tente. Et vivement que l’on puisse proposer à nos clients de bonnes idées de partenariat, car pour le moment on se contente d’opérations sur Instagram (exemple récent avec #Fiestagram) et il y a possibilité de s’amuser davantage…

  1. giluzful dit :

    Héhé.. bookmarké ! :)

  2. Emarketing.fr dit :

    Bravo pour Onefeat, que je connaissais pas ! Le concept est bon, il faut voir ce que vont donner les partenariats avec les marques. Le concept de Onefeat joue intelligemment sur la gamification, un concept bien utilisé aux Etats-Unis par les marques mais encore peu en France, où annonceurs et agences sont encore frileux. Voici à ce propos les résultats du sondage sur la gamification publié sur notre site : http://www.e-marketing.fr/Breves/La-gamification-resultats-du-sondage-Emarketing-fr-42616.htm)
    Longue vie à Onefeat et bravo aux concepteurs pour cette belle idée :-)
    Xavier Foucaud, community manager Emarketing.fr